Récemment, j’ai rencontré une dame, amie de mes parents, que je n’avais pas vue depuis fort longtemps. La dernière fois, je crois que j’étais encore à l’ESRA en train de poursuivre mes études de réalisation audiovisuelle. Ça fait donc un bail, attendu que j’ai quitté l’ESRA en 1999.
Cette dame me demande où j’en suis, ce que je fais. Je lui explique que je suis désormais auteur, déjà plusieurs fois publiée. Elle s’étonne :
– Auteur de livres ? Mais je croyais que tu voulais faire du cinéma ?!
– C’était le cas, réponds-je. Cependant, mon parcours m’a amenée à explorer d’autres domaines professionnels, comme la vente, la presse, le développement personnel ou le coaching. L’écriture est néanmoins restée le fil rouge de toutes mes expériences pros. C’est pour ça qu’en 2011, j’ai décidé de me consacrer à cette vocation à plein temps.
– Ah bon, me rétorque la madame d’un ton où transparaît une pointe de mépris. C’était bien la peine que tes parents te paient des études de cinéma si c’est pour finalement avoir abandonné cette voie !
Ça, c’est dit !
Une fois passé le petit choc vexatoire que m’a causé cette phrase, j’ai réfléchi un moment et j’en suis arrivée à l’heureuse conclusion que : oui papa maman, c’était bien la peine que vous me les offririez ces études 😉 ! Car elles me sont d’une infinie utilité dans ma vie actuelle d’auteur.
J’ai arrêté le cinéma, il est vrai (ou plus exactement, j’ai arrêté de vouloir en faire 🙂 ). Mais tout ce que ma formation audiovisuelle et mes années de cinéphile affamée m’ont appris, je l’ai conservé.
On dit souvent de ma plume qu’elle est très visuelle, très génératrice d’images. Très cinématographique, en somme. Cela, à n’en pas douter, je le dois à l’apprentissage de l’écriture scénaristique, qui enseigne à concevoir une histoire autant en terme de mots qu’en terme d’images. De fait, je crois que j’écris comme on réalise ou comme on met en scène.
Ainsi, l’une des étapes les plus importantes de ma pratique littéraire, est celle du casting. Voui voui, un casting comme au cinéma. Avant d’écrire, je dois en effet connaître mes personnages sur le bout des ongles. C’est encore plus primordial que de savoir tous les tenants et aboutissants de l’histoire que je vais raconter. Une fois que j’ai une idée précise de la psychologie de mon héros/héroïne, que je cerne sa personnalité, je cherche alors la personne idéale qui pourrait l’incarner.
Sur Internet, je fais des recherches Images de vedettes du show-biz. Et j’attends que ça « matche ». (Par exemple, pour mon recueil Extrasystoles, j’avais pu « caster » Audrey Tautou, Pierce Brosnan, Juliette Arnaud, Jean-Pierre Léaud, Jennifer Aniston, Elsa Zylberstein ou Linda Carter. Et plus récemment, lors de l’écriture de mon roman à paraître, j’ai travaillé « avec » Nicolas Bedos. Il était l’exacte incarnation physique du personnage que j’avais inventé. Ses traits convenaient à l’identité que j’avais créée pour mon héros.) Ce procédé m’offre le luxe de pouvoir « collaborer » avec n’importe quel acteur ou chanteur de mon choix 😉 !
Une fois ce travail de casting fait, une fois que j’ai non seulement déterminé la psychologie de mes personnages, mais que je leur ai aussi attribué, à tous, une enveloppe charnelle, à ce moment-là, je peux commencer à écrire.
Et je deviens alors réellement metteur en scène. Je convoque mes « acteurs » choisis devant mes yeux, je leur « explique » la scène qu’ils vont devoir me jouer, leur « donne » quelques directives. Puis, je les « regarde » faire, au sein de mon imagination, je les visualise en action. Et je n’ai plus ensuite qu’à retranscrire par écrit ce que je vois.
Partant donc du petit film que je me suis idéalement conçu dans ma tête (en totale autarcie et sans l’intervention d’aucune équipe technique 🙂 ), je rédige mes phrases pour qu’elles engendrent de puissantes images dans l’esprit de mes lecteurs.
C’est ainsi que j’écris mes livres, dans une approche qui reste essentiellement cinématographique. Et c’est pour cela que j’ai parfois des surprises comme je te l’expliquais dans un récent article. De la même façon qu’un comédien peut proposer des modifications à son réalisateur, le surprendre, réinventer la scène écrite en la jouant de façon différente de ce qui était initialement prévu, mes personnages peuvent parfois diriger la plume à ma place. Et je les laisse faire. J’ai suffisamment confiance dans la connaissance et la maîtrise que j’ai d’eux pour savoir que je peux les suivre, que leur « proposition » finira par être raccord avec la psychologie que je leur ai inventée.
C’est aussi la raison pour laquelle je ne rencontre jamais le blocage de la page blanche, hantise de tant d’écrivains. J’écris ce que je vois. Je fais de la retranscription. Je ne convoque pas l’inspiration. Il ne peut donc pas y avoir de panne de plume 🙂 .
En conclusion, et pour répondre à la remarque de la charmante petite dame citée plus haut, mes études cinématographiques ne furent en rien inutiles et m’ont été tout à fait profitables. Car, outre le fait qu’elles répondaient à la cinéphilie passionnée de mes jeunes années, elles fortifient aujourd’hui ma vie d’auteur. Imprégnant mon écriture, elles la rendent fluide, agréable, vivante. Pouvais-je rêver plus beau cadeau ?
Et je te livre ici un scoop, ma prochaine muse pourrait bien être Alexander Skarsgård ❤ ! Depuis que je l’ai vu dans le Tarzan de David Yates, j’ai très envie d’écrire une histoire avec un personnage central auquel il pourrait prêter ses traits !
Je t’embrasse.
A reblogué ceci sur bertrandgaspel.
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