Il était une fois un brave garçon qui, un jour, eut un béguin pour une demoiselle. Malheureusement, ils étaient tous deux fort jeunes au moment de leur rencontre et n’avaient pas totalement fini de construire leur personnalité. Très vite, le garçon comprit que des fossés les séparaient, tant au niveau des centres d’intérêt que des aspirations de vie. Mais il n’osa pas quitter sa compagne, par peur de la faire souffrir. Inexpérimenté et optimiste, il voulut croire que leur union avait une chance. Ils se marièrent donc.
Un enfant naquit. Quoique désiré, le bambin ne put empêcher les fossés de devenir des douves, et si son père resta, ce fut, cette fois, par peur de faire souffrir son fils en lui infligeant une séparation déchirante. Mais l’enfant grandit. Il prit conscience des divergences majeures qui opposaient ses parents. La solution du divorce s’imposa, qui mit fin à une histoire cahotante qui avait tout de même duré 25 ans.
C’est alors que ma vie croise celle de l’homme du conte…
Je tombe amoureuse du monsieur divorcé et il tombe amoureux de moi. À mes côtés, il redécouvre la saveur d’embrasements passionnels depuis longtemps oubliés tandis que son gamin, lui, découvre un modèle maternel radicalement différent de celui qu’il a connu (j’ai un profil d’artiste atypique et bohème alors que sa mère biologique a un profil rangé et conformiste). Petit à petit, nous créons tous les trois (je devrais dire quatre, avec mon amour de Câline ❤ ) une famille recomposée fonctionnelle, nourrissante, harmonieuse. Mon chéri m’apprend le sens de mots tels que bonheur, amour inconditionnel, sexualité rayonnante, osmose, partage (mots que j’avais pu effleurer au long de mes histoires précédentes mais que je n’avais justement fait qu’effleurer). Tout cela est bel et bon.
Mais qu’en est-il pour l’ex-épouse ? Eh bien, good news, elle a refait sa vie, a trouvé un nouvel équilibre, un nouveau bonheur avec un homme mieux ajusté à ses désirs profonds. Une garde alternée permet aux deux parents de voir leur enfant équitablement. Belle-mère (moi) et beau-père (le nouveau jules) font leur possible pour que tout se passe bien avec ce « fils adoptif ». Tout devrait donc être au mieux dans le meilleur des mondes.
Yes but…
Le rose de l’amour retrouvé n’empêche pas forcément que perdure chez une femme le rouge d’une haine vengeresse.
Il est douloureux de constater l’échec d’une histoire d’amour, c’est vrai. Pour avoir eu moi-même le cœur meurtri à certaines occasions de ma vie sentimentale, je sais qu’il est malaisé de guérir d’une blessure amoureuse. Cela fait bigrement mal et nécessite du temps. Je peux donc comprendre qu’il ne soit pas évident de lâcher prise et de faire son deuil d’une longue alliance. Ce que j’ai plus de mal à comprendre (surtout lorsque, dans un couple, il n’a jamais été question d’adultère, de tromperies ou d’autres trahisons impardonnables, mais seulement d’incompatibilité d’identités), c’est que l’on fasse le choix perpétuel du venin et de la hargne vis-à-vis de son ex-partenaire, et que l’on ne tente pas, pour se débarrasser de son aigreur, de faire un travail sur soi.
S’accrocher indéfiniment à sa rancœur, cela équivaut à refuser de tourner la page. Lorsqu’une personne divorcée agit ainsi, elle refuse à son ancien conjoint/e le droit de construire sereinement un nouveau foyer et, dans le même temps, elle se refuse à elle aussi le droit de passer enfin à autre chose et de se réconcilier avec son passé. Se laisser envahir par le ressentiment permanent est avant tout nocif pour soi, en plus de l’être pour les autres. En ne faisant pas la paix avec son histoire, c’est aussi avec soi-même qu’on ne fait jamais la paix…
J’ai cependant conscience que dans ces affaires délicates, chaque protagoniste ne voit l’affaire que de son bout de la lorgnette. Chaque jugement est de parti pris. Moi, en l’occurrence, je suis « du côté » de mon amoureux, prête à le défendre si on l’attaque. Et j’ai tendance à considérer que c’est l’ex qui a tort d’être toujours cinglante, désagréable, agressive. Elle, obligatoirement, a un autre avis sur la question. De son point de vue à elle, son comportement se justifie sans doute pleinement (c’est là toute la complexité des rapports humains !). Ou peut-être même qu’elle ne réalise pas qu’elle adopte sans cesse une attitude vindicative.
Alors que faire ? Que faire lorsqu’on récolte la colère d’une personne à laquelle, pourtant, on n’a jamais voulu nuire ? Une personne dont on n’a jamais cherché à ce que notre bonheur se fasse au détriment du sien ?
Il faut d’abord se souvenir que le seul élément sur lequel on a prise, c’est soi. Quand on ne peut pas modifier une situation, il vaut mieux essayer de modifier son ressenti par rapport à cette situation.
Si une femme en face de moi décide de jouer les méchantes sorcières de l’ouest, je ne peux que la laisser faire ; ce n’est pas entre mes mains. Ma marge d’action à moi est de trouver le courage, face à elle, de ne pas me transformer à mon tour en sorcière enragée, ni d’être non plus une Dorothy Gale apeurée, mais de devenir plutôt la bonne fée Glinda qui se protège dans sa bulle nacrée. Et qui n’a pour seul message à envoyer à son adversaire furibonde que celui-ci : « Libère-toi de moi, ou de ton ex, ou de tout être qui te maintient acide et belliqueuse. Libère-toi de ta rage. Guéris ton passé et embrasse l’avenir… »
Oui il me semble vraiment que c’est, à Oz ou ailleurs, la seule chose à faire pour contrer les sorcières acariâtres. Ne trouves-tu pas ?
Je t’embrasse.
A reblogué ceci sur bertrandgaspel.
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