Récemment, je te parlais de mes études de cinéma qui, si elles n’ont pas fait que je suis devenue réalisatrice, favorisent grandement mon écriture.
C’est vrai que je voulais faire du cinéma. C’est un rêve qui m’est venu lorsque j’avais 5 ans et qui m’a habitée tout au long de mon adolescence. Ce rêve, il s’est peu à peu affadi. Raison pour laquelle, quelques années après avoir fini mes études cinématographiques, je me suis complètement éloignée de la voie audiovisuelle.
Pourquoi ? Pourquoi le cinéma a-t-il cessé de m’attirer ? Pourquoi, alors que ce métier m’appelait depuis ma plus tendre enfance, a-t-il soudain tu son chant mélodieux ? La question méritait que je me la posasse. Ce que j’ai fait. Et voici ce que j’ai découvert.
Le cinéma a pour but (pour ne pas dire qu’il a pour fonction) de rendre fictive la réalité. Il s’appuie sur du vrai mais pour proposer du faux, du factice, de l’imaginé. On pourrait ainsi dire qu’il rend imaginaire le réel. Il le remanie, le sublime, mais la version qu’il en présente est une version artificielle.
Or moi, en grandissant, j’ai eu de plus en plus envie de faire l’inverse au travers de ma vie personnelle ou professionnelle. J’ai surtout eu à cœur de rendre réel l’imaginaire. Il m’a fallu des années pour comprendre quelle était exactement la nature de mon souhait et de ma démarche d’artiste. Elle avait bien quelque chose à voir avec le cinéma et avec l’art de conter. Mais elle avait aussi beaucoup à voir avec la psychologie et le développement personnel. Il a fallu que je mixe tous ces éléments.
Plus jeune, lorsque je terminais le visionnage d’un film ou la lecture d’un roman, j’en sortais toujours frustrée à l’extrême, en me demandant : « Pourquoi ma vie n’est-elle pas aussi flamboyante que ce que je viens de voir/lire ? ». Et en quelque sorte, ma vocation actuelle est née de cette frustration. J’avais envie d’agripper tout le merveilleux que proposaient ces récits imaginaires, je voulais m’accrocher à leur flamboyance et en amener dans ma vie réelle.
Ma plume et ma démarche créative sont totalement imprégnées de ça, du désir d’aller chercher dans l’imaginaire de quoi ensoleiller la réalité. Et j’ai érigé en maîtres-mots ces quatre verbes : écrire, créer, transmettre, inspirer.
Vois-tu, dans ma bibliothèque, j’ai l’intégrale des Schtroumpfs. Mon opus préféré est celui qui s’intitule Histoires de Schtroumpfs. Il présente des gags courts sur une page. L’un de ces gags m’a toujours fascinée (voir plus haut). Il résume mes ambitions d’auteur. Là où le noir et les cafards (oh les sales bêtes !) t’assaillent, je veux, par la force de nos imaginaires conjugués, tâcher de te remettre des couleurs et de la gaieté. Je veux dresser un pont inspirant vers l’imaginaire sur lequel tu pourras aller et venir.
Ce pont, acceptes-tu de l’emprunter avec moi ?
Je t’embrasse.