J’ai vécu dimanche une journée parfaite.
D’abord un déjeuner, dans un restaurant chinois du 16e, avec mon homme, son fils, et mes parents. Lorsqu’ils sont arrivés, mes jolis petits parents, ma mère pimpante comme un soleil, mon père tiré à quatre épingles, une émotion intense s’est emparée de moi. Plus les années grisonnent leurs tempes, plus grandit en moi le désir à la fois de les rendre fiers mais aussi de les protéger. Nous formons une famille solide, solidaire, unie. Je vis dans cette tradition orientale, méditerranéenne, qui rend les liens étroits entre les membres du clan. Qui s’attaque à mes parents, s’attaque à moi. Qui gratifie mes parents, reçoit ma gratification. C’est mon côté Vito Corleone 🙂 .
Après ce déjeuner, s’organisait, au domicile familial, une fête célébrant Pâques et Pessah en même temps. Parce que ma mère est catholique et mon père juif. Et que nous voulons pouvoir savourer le chocolat et le pain azyme.
Ma tante, mon oncle et mes cousins nous ont alors rejoints.
Ma mère avait organisé une table magnifique, ornée d’argenterie, une table à nombreux convives. Je la regardais officier avec un zeste d’envie. Je sais moins bien recevoir qu’elle. J’en ai moins le goût. Chez moi, les invités sont abonnés à la raclette facile ou au buffet froid-assiettes en carton. Je suis une hôtesse à la mode bohème alors que ma mère, et ma merveilleuse grand-mère avant elle, sont des reines de la réception hors-pair.
À table, nous avons fait bonne chère. De cette abondance culinaire qui régale le corps, mais le régale jusqu’à l’âme, en transfusant dans les veines une totale béatitude. En moi, dans mon ventre, il y a avait tous ces plats succulents, tous préparés avec amour par celles et ceux les ayant concoctés, et autour de moi, il y avait la chaleur, la joie, les rires, les conversations qui s’emmêlent, les gosses qui courent après le chien, la maison emplie de bruissements, d’éclats de voix, d’êtres qui vont et viennent, les bras chargés de plats tantôt débordants tantôt vides, selon qu’ils sont emmenés de la cuisine à la salle à manger ou de la salle à manger à la cuisine.
J’ai pris un instant pour observer tout ce doux spectacle. Ne pas forcément y participer. Juste regarder, m’imprégner de l’ambiance. Je me souviens que, lorsque j’étais petite et que mes parents recevaient, de ma chambre, j’aimais entendre les clameurs joyeuses arrivant du salon. Je m’endormais alors dans un sentiment de parfaite sécurité. La sensation qui m’a envahie dimanche était similaire, teintée de quiétude, d’appartenance, de félicité.
J’ai regardé mes parents, mes oncle et tante, la génération du dessus, celle dont j’arrive. Puis j’ai regardé mon homme, et mes cousins, ma génération, nous tous, déjà bien adultes, qui plaçons nos pas dans les pas de ceux qui nous ont précédés. Puis, enfin, j’ai regardé mon beau-fils et mes petites nièces. Ils sont mes suivants, mes futurs, ma descendance pour ainsi dire, puisque je n’ai pas eu d’enfants. C’est à eux que je veux transmettre tout ce que je peux avoir à transmettre…
Spectatrice de cette bulle de bonheur, j’aurais voulu être cinéaste pour la graver, au travers d’un film-fleuve, sur pellicule. De ces films émouvants où des générations se succèdent, plan après plan, dans une grande maison familiale recouverte de lierre et de vigne vierge. Mais j’ai alors songé que si je ne suis pas cinéaste, je suis auteur. Et que, pour garder trace de mes émotions, je peux écrire.
J’écris donc. Pour remercier ma famille et le ciel de toute l’abondance reçue en ce week-end pascal. Et pour que ma plume exprime ce que parfois ma bouche ne sait pas dire.
Je t’embrasse.
Quel superbe récit pascal ! ❤
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Oh merci !!!! 🙂
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