…Qu’au départ je n’étais absolument pas destinée à aimer. J’avais même plutôt lieu de m’en méfier. D’abord à cause de son âge. Ensuite, à cause de son identité même.
Je te plante le décor. Nous sommes en 2014. Je viens de tomber amoureuse d’un type épatant (voir mon article sur le grand amour). Le type en question est l’attentionné papa d’un môme de 13 ans.
Et là gros hic.
Car l’idée de me coltiner un gamin – pas le mien qui plus est – probablement en pleine crise d’ado m’emballe autant qu’un tête à tête avec une hyène à jeun. Faut dire que je n’ai pas une fibre maternelle excessivement développée pour les petits d’homme. Autant je gâgâte devant les chats, autant tout ce qui parle de maternité, grossesse, procréation, éducation, me laisse froide comme un concombre.
Voir ce jeune gaillard débouler dans ma vie n’a donc rien d’enchanteur. « Je n’ai pas fait d’enfants ; ce n’est pas pour m’occuper de ceux des autres ! », clamé-je à qui veut l’entendre. En plus ce petit-là est l’incarnation même du lien que mon homme a noué avec une autre femme, avant moi. Il est la preuve que mon amoureux a aimé, construit, fait l’amour avec une autre que moi – idées hautement choquantes pour la grande mégalo que je suis ! Comble de déveine, le mioche est le portrait craché de sa mère, il me la place sous les yeux en permanence. Pour parfaire le tableau, certains aspects de son caractère m’agacent : je le trouve empoté, geignard, peureux, feignasse. Comme tu vois, on est loin de La Mélodie du Bonheur (ou alors on est en plein dedans si l’on s’en tient au début du film, au moment où Maria peine à apprivoiser les enfants Von Trapp 🙂 !).
Oui mais cet enfant est là et bien là. « Il ne va quand même pas passer sous un bus juste pour te faire plaisir » me sermonne mon meilleur ami – et il a bien raison. Renâcler ne sert ici à rien. Soit j’accepte le package father and son, soit je me cherche une autre histoire, un autre amour – sans marmaille !
Je décide de rester. Parce que j’aime le papa et qu’il me rend follement heureuse.
Et le gosse, me diras-tu, qu’en as-tu fait ? Or, c’est là que l’histoire devient magique et mélodiedubonheurienne en diable. Nous avions d’un côté un gamin craintif, pas complètement remis du divorce de ses parents, un peu frileux devant la nouvelle chérie du papa. Et de l’autre une grande duduche au caractère épineux, guère décidée à jouer les nounous câlines.
Eh bien contre toute attente, ces deux êtres-là ont matché du feu de dieu ! Et ce qui avait toutes les chances de devenir une catastrophe est au contraire devenu… une famille ❤ .
Il a beaucoup changé depuis 2 ans. Les traits de son caractère qui auparavant m’irritaient se sont estompés, ont cédé la place à des qualités nouvelles, lumineuses et bien affirmées, qui le rendent d’autant plus attachant. La petite chenille anxieuse rencontrée en 2014 est devenue un papillon éblouissant, beau de corps et d’esprit (et qui me fait en outre le grand honneur de me dire que je ne suis pas pour rien dans cette métamorphose 🙂 ).
En terme de tempérament, d’aspirations et de sensibilité, nous avons de nombreux points communs. C’est un artiste comme moi, d’ailleurs excessivement doué, qui veut faire de la BD sa vocation. Cette similitude de nos domaines d’accomplissement respectifs – moi l’écriture, lui le dessin – a beaucoup favorisé notre rapprochement. Nous nous comprenons d’un clignement d’œil. Nous savons nous remonter le moral mutuellement. Nous sommes un peu jumeaux d’âme. Ce qui nous permet de communiquer aisément et d’être toujours sur la même longueur d’onde. Ce qui me donne aussi, parfois, l’impression qu’il est vraiment mon fils. Pour autant, je suis très heureuse de n’être que la belle-mère. Ce statut m’apporte le droit de l’accompagner et de créer avec lui un lien privilégié, sans que j’aie à assumer les (lourdes) responsabilités de l’état de mère. Ça me va très bien.
Cette histoire, c’est donc celle d’un mec grand et blond qui est entré dans ma vie sans crier gare et qui y a tout chamboulé. Pour le meilleur. Guiguiche m’a beaucoup appris, il a développé en moi des talents nourriciers que je pensais ne pas avoir – hormis pour mes chats. Vis-à-vis de moi, il est toujours protecteur, attentif, affectueux, appliqué à me faire plaisir, zélé à ne jamais me décevoir.
Peut-être te demandes-tu pourquoi je te raconte tout cela ?
D’abord parce que je voulais saluer cet ado, ce grand petit prince dont la vie côtoie la mienne et qui y dépose du rire et des paillettes. Et puis aussi, à un niveau moins personnel, parce que cette aventure m’a appris que la vie emprunte parfois des chemins inattendus pour nous amener à l’endroit où nous serons bien. Ce qui nous fait peur ou nous rebute est peut-être porteur du plus beau des cadeaux cachés. Il faut apprendre à surmonter le blocage initial ou la résistance ressentie et à accepter ce que la vie nous offre. Je reste persuadée qu’elle a un grand dessein – pour moi, pour toi, pour tous. Et qu’elle sait y faire. Se laisser porter par son courant peut parfois entraîner loin des rivages où l’on se sentait en sécurité. Mais c’est aussi cela qui permet de découvrir le nouvel Eldorado où peut naître un bonheur incroyable auquel on ne s’attendait pas.
Foi de Guiguiche et de Carole-Anne !
Je t’embrasse.
A reblogué ceci sur bertrandgaspel.
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Très beau texte…..et belle rencontre de deux etres…..mariethe
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