Ce week-end, j’ai vu Tarzan, un film de David Yates, qui vient tout juste de sortir au cinéma. Il faut que je te parle de ce film…
Il n’est pas une énième version de l’histoire habituelle de Tarzan (= le petit sauvageon élevé par des primates). Ici, l’intrigue se déroule bien après la rencontre avec Jane et le retour de Tarzan (alias Lord John Clayton Greystoke) à Londres. L’ancien roi de la jungle mène une vie tranquille auprès de sa doulce et tendre. Plus de singes, plus de lianes, plus de pagne, remplacés par une existence de privilèges et d’opulence au sein de l’Angleterre victorienne. Jusqu’au jour où Lord Greystoke est rappelé au Congo pour déjouer des malversations commerciales du gouvernement belge. Accompagné de Jane, il reprend donc le chemin de l’Afrique sans se douter qu’un saligaud sans scrupules, le belge Leon Rom, est en train de leur tendre un piège immonde…
Ce film a des atouts indéniables. Les paysages que l’on voit sont à couper le souffle de beauté. Les effets spéciaux sont bien chiadés et donnent un grand réalisme à l’ensemble (pour peu, évidemment, qu’on arrive à oublier que tout ou presque n’est qu’images de synthèse, point sur lequel je vais revenir plus bas). L’acteur qui joue Tarzan – Alexander Skarsgard – est renversant. Les scènes où il est torse nu m’ont été un pur régal. Il m’a fallu ré-enrouler ma langue et la ranger dans ma bouche car elle traînait, baveuse, deux rangées plus loin dans le cinéma 🙂 . Et non seulement le gars est redoutablement beau et bien gaulé, mais en plus, le travail corporel et gestuel qu’il a accompli pour incarner la dimension homme-primate de son personnage est remarquable. Il bouge, regarde, souffle, enrage, court comme un gorille, et ce sans jamais paraître ni pataud ni ridicule. Du joli travail…
S’il a des atouts, ce film a aussi des défauts. D’abord, j’ai trouvé le scénario inepte et les ficelles du récit juste énaauurmes. Notre courageux homme-singe prêt à braver les pires dangers pour sauver sa dulcinée en périlleuse situation… Pfff, c’est lourdingue et cliché à souhait. Certaines scènes sont aussi des resucées d’autres films (La Planète des Singes, les Marvel, Le Roi Lion…) et donnent une assez désagréable sensation de déjà-vu voire de déjà-vu-100-fois. Le méchant et la fille (même si c’est Margot Robbie, dernière coqueluche d’Hollywood) sont transparents et manquent de charisme. Ils attisent l’impatience qu’on a de retrouver Tarzan à la séquence suivante. Parce que ce Tarzan, quel gaillard ! C’est pas seulement le roi de la jungle, c’est aussi James Bond, Spiderman et Hulk réunis en un seul homme ! Attention l’adresse physique du mec dans les scènes d’action ! Il en jette le pépère, c’est pas la moitié d’un athlète ! Sauf que pour moi, dans ces moments-là, il est tellement flagrant que ce n’est plus Skarsgard que l’on voit mais bien son double synthétique que la séquence perd en crédibilité. Et du coup je décroche. Ça m’avait fait pareil pour Catwoman récemment. Halle Barry n’était plus qu’une silhouette de jeu vidéo et par conséquent je n’arrivais plus à croire à l’histoire…
C’est comme ça, moi les images de synthèse, je ne les supporte qu’à petites doses. En plus, au-delà de la question de la crédibilité narrative, leur présence à outrance dans un film comme Tarzan me pose aussi une autre interrogation. Pendant qu’on recrée virtuellement des paysages sublimes du monde avec leur faune, on laisse ces vrais paysages et leur vraie faune être ravagés par nos soins. On glorifie les beautés d’une planète que parallèlement on est très occupés à détruire. Et cette recréation virtuelle me paraît néfaste car j’ai l’impression qu’elle contribue à une certaine résignation. On s’habitue au faux et pire encore, on s’habitue à ce que ce faux remplace le vrai. On se gorge tellement de ces images factices que l’on oublie de se demander si elles correspondent toujours à une réalité de notre terre. Dans Tarzan comme dans le récent Livre de la Jungle, tout est beau, criant de vérité, mais tout est faux. Tu vas me dire : « Mais chéériiie, c’est le principe même de Hollywood et du cinéma que de faire du vrai avec du faux ! ». Oui sans doute. Mais plus ça va et plus je me dis que bientôt ce qui est montré dans ce genre de film ne sera même plus un reflet sublimé de notre réalité terrestre, ce ne sera qu’une réminiscence d’un passé révolu où, dans une nature foisonnante, vivaient encore des tigres, des gorilles, des éléphants, des bisons…
Pour autant, et quitte à te donner l’impression que je me contredis, ne va pas croire que je condamne Tarzan. Au contraire, j’adore sa portée philosophique. Oui philosophique, absolument. Ce film, même s’il le fait avec une majorité d’images virtuelles, présente une utopie (au sens le plus philosophique du terme, justement). Il prône le respect de l’individu ; il dénonce férocement la colonisation, l’esclavage des Noirs et le massacre des Indiens d’Amérique ; il préconise un plus grand rapport entre l’homme et la nature… Et ce de façon nette et musclée, sans dégoulinement sentimental à la mords-moi-le-babouin. En gros, il montre ce que cela pourrait donner si l’homme (s’il était un peu moins con) savait revenir à ses sources nourricières et savait respecter les lois du monde naturel qui l’héberge. L’être humain et l’animal avanceraient main dans la patte ; la nature serait préservée ; chaque individu serait libre, sans avoir à devenir l’ennemi, le bourreau ou la victime de son prochain ; la cupidité et le pouvoir seraient abandonnés au profit de la solidarité et du partage. Tu imagines deux secondes ?
Alors oui, pour l’instant ce Tarzan et son utopie ne sont que des fictions de celluloïd. Pourtant cet homme-animal, je le vois moi comme une espèce de Moïse de la jungle ouvrant le chemin vers un nouveau monde possible.
Pour cette raison, ce film m’est drôlement sympathique…
Et toi, l’as-tu vu ? L’as-tu aimé ?
Je t’embrasse.
A reblogué ceci sur bertrandgaspel.
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