LE JOUR OU J’AI VOULU MOURIR…

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C’était il y a 20 ans tout juste. Le 13 août 1999. J’étais jeune alors, toute pleine de passion mélodramatique. Je vivais les derniers feux de l’une de mes premières grandes histoires d’amour. Or  ce garçon, dont j’étais entichée à l’excès, me trompait avec une autre. J’étais seule chez moi ce soir-là, il venait de me raccrocher au nez en me clamant sa folle attirance ailleurs. Le monde s’est ouvert sous mes pieds, l’horizon et l’avenir se sont dissous à mes yeux, un vertige morbide m’a saisie.

L’idée d’être soudain privée de cet homme que j’avais dans la peau, l’idée d’en être amputée m’était insoutenable. Le visage tordu de larmes, j’ai agrippé un cutter, et me suis tailladé les veines. Puis j’ai avalé un tube de Lexomil.

Le hasard a voulu que ma tante appelle à ce moment-là et comprenne la situation. C’est ce qui m’a sauvée.

On m’a hospitalisée.

Lorsque je me suis réveillée 3 jours plus tard, mon poignet gauche était douloureux et bandé. La souffrance amoureuse, que mon sommeil chimique avait tenue au loin pendant ces 3 jours, m’a bondi dessus comme un fauve affamé. J’ai été bien entourée par des proches qui, sonnés par la radicalité de mon acte, ont tâché de me redonner de la joie de vivre. Mission périlleuse, mon cœur restant englouti dans mon drame amoureux.

Sortie de l’hosto, pendant plusieurs semaines, en secret, j’ai rouvert mes plaies. J’avais besoin qu’elles ne cicatrisent pas. Je les voulais à vif, et je voulais le sang. Car à travers lui, j’avais l’impression que c’était ma souffrance qui s’évacuait de moi, et cette sensation m’apaisait.

Et puis un chat est entré dans ma vie. Un chat que mes parents et moi avons adopté, et que j’ai baptisé Frankie. C’est lui, avec sa grâce de félin et sa robe d’ébène, qui a été mon vrai guérisseur, mon petit Moïse…

Aujourd’hui, 20 ans ont passé. J’ai toujours à mon poignet gauche la marque de l’événement, mes petites « griffures de chat », comme je les appelle. C’est drôle parce qu’elles se réveillent de temps en temps. Lorsque je me dispute avec mon homme – elles dorment donc souvent 🙂 . Mais dans ces moments-là, lorsque querelle amoureuse il y a, mes cicatrices se raniment, deviennent comme des petits sillons brûlants sur ma peau. Étrange…

Le recul aidant, je regarde mon geste d’il y a 20 ans avec indulgence et lucidité. Bien sûr qu’il traduisait un véritable désarroi, une réelle détresse psychique. Mais je pense aussi qu’y entrait une part de cabotinage, d’expressionnisme romantique outré. J’ai mis en scène ma douleur, je l’ai voulue visible par tous, grandiloquente, extrême. C’est moins une volonté de mort qu’un désir de vie et d’amour que cette TS, paradoxalement, a symbolisé. Comme le disait Marilyn, ce soir-là, je n’ai pas forcément eu envie de mourir pour de bon, j’ai juste eu envie de mourir pour une heure, pour que cesse un peu le mal qu’avait mon cœur…

Bon, je t’accorde que cet article n’est pas des plus gais 🙂 . Mais que veux-tu, cet épisode fait partie de ma vie. Je l’assume et je tiens à lui. Même s’il m’apparaît néanmoins tout à fait étranger à ce que je suis aujourd’hui. Aujourd’hui, rien ne saurait me conduire à flirter avec le néant. J’aime trop la vie. Je l’aime à en crever 🙂 !

Si j’étais connement morte le 13 août 1999, je serais passée à côté de tant de belles choses ! Je n’aurais pas rencontré l’homme de ma vie. Je n’aurais pas vu mes écrits publiés. Je n’aurais pas connu Câline, ni mes amours de nièces. Je n’aurais pas vécu à Cannes. Je n’aurais pas croisé tous les êtres fabuleux que j’ai croisés depuis 20 ans. Je serais partie bêtement, au nom d’un amour qu’aujourd’hui je sais n’avoir été qu’un brouillon grossièrement esquissé de ce qu’est vraiment l’amour.

Alors je peux te dire que je suis drôlement contente d’être là, de vivre, d’écrire, d’aimer, de respirer et de publier cet article pour le clamer haut et fort.

Je t’embrasse.

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