Marlon Brando a dit : « Un acteur, c’est quelqu’un qui, si tu ne parles pas de lui, ne t’écoute pas ». J’ai bien peur que cela ne vaille pas que pour les acteurs 🙂 . Damien Hirst, lui, enfonce le clou et clame : « Il faut avoir un grand ego pour être un artiste ».
J’ai passé récemment en revue tous les articles que j’ai pu écrire sur ce blog. Une chose m’a sauté aux yeux : j’y parle beaucoup de moi. Beaucoup beaucoup. Genre, je ne fais que ça ; splendeurs et misères de môa ! vie et œuvre de môa ! nombril et états d’âme de môôôa !!!
Et j’en arrive à cette question fondamentale : peut-on (voire doit-on ?) être artiste sans être complètement mégalomane/égocentrique ?
J’ai bien peur que la réponse soit : NON ! Non, on ne peut point être artiste si, réellement, on n’est pas obsédé d’une façon ou d’une autre par sa propre personne.
Parce que c’est quoi, l’art ? Eh bien, l’art, c’est transmettre la vision sensible, symbolisée et personnelle que l’on a du monde. Donc, le prisme par lequel passe toute forme de création, c’est soi. Créer, c’est parler de soi dans le but de rendre ce message universel.
Et même quand un auteur te dit qu’il invente une histoire et que celle-ci, ainsi que les personnages qu’elle met en scène, n’ont rien à voir avec lui, il croit peut-être te dire la vérité mais en réalité, il ment. Il ment parce que cette histoire a germé en lui du fait même de ce qu’il est. Pagnol n’aurait pas pu écrire La Peste, de même que Proust n’aurait pas pu écrire Gargantua. Non par manque de talent ou d’inventivité. Mais simplement parce que ces œuvres ne correspondaient pas aux spécificités humaines et créatives de ces auteurs-là. Quand bien même une histoire provient de notre imagination, elle reste tributaire de notre identité puisque c’est notre identité qui a forgé notre imagination. CQFD.
Pour ma part, étant fille unique, j’avais de belles prédispositions pour devenir égocentrée et égocentrique. J’ai choisi la voie qui me permettait d’utiliser au mieux ces prédispositions et d’en faire de nécessaires atouts.
Frères et sœurs artistes, ne culpabilisons donc pas si nous sommes à ce point imbus de nous-mêmes. Donnons au contraire un sens grandiose à notre mégalomanie. Car je suis certaine que la mégalomanie naît toujours soit d’une frustration devant les carences de la réalité, soit d’un manque de confiance en soi se traduisant par la sensation de ne pas suffire. Or, que faire lorsque la réalité déçoit et lorsque soi, on ne suffit pas ? Créer, il faut créer. Décider de sublimer les défaillances du réel et les faiblesses personnelles en faisant de sa vie et de soi-même des œuvres à part entière. Et pour y parvenir, il faut bien mettre sa petite personne sans cesse au premier plan. Et courtiser ainsi la mégalo. Et transformer, par conséquent, la question du titre en affirmation définitive : artiste = mégalo !
Sur ce, moi et moi-même t’embrassons 🙂 !