IL SE PASSE QUELQUE CHOSE À MONOPOLIS…

Avant2

C’est le titre d’une chanson de la comédie musicale Starmania, créée par Michel Berger et Luc Plamondon : Il se passe quelque chose à Monopolis

Dans cet opéra-rock,  Monopolis, c’est une ville ultramoderne, tentaculaire, déshumanisée, agrandie par des banlieues-dortoirs qui produisent de noires étoiles. Dans les rues souterraines, dénuées de soleil, se côtoient des êtres rongés de solitude, d’ambition ou de rage, qui s’attirent, se combattent, se loupent, se perdent…

Si, à la création de Starmania, Monopolis ressemblait surtout à une cité fictive pour récits post-apocalyptiques façon Blade Runner, aujourd’hui Monopolis ressemble à Paris, à New York, à Tokyo, à Bruxelles, à Orlando, à Bagdad, à Istanbul, à Munich, à Nice, ou même à Saint-Étienne-du-Rouvray…

Il se passe quelque chose à Monopolis… Oui, pour sûr. Quelque chose de sombre, de froid, de meurtrier, un monstre haineux capable de frapper à n’importe quel coin de rue, à n’importe quel endroit du globe. Accompagnée de larmes de deuil ou de sidération, la peur se répand. Mais la colère aussi. Marre d’être gouvernés par des Zéro Janvier qui vendent leur cul pour de l’argent et qui sont infoutus de nous protéger. Avec de plus en plus cette sensation « qu’au bout du compte, on se rend compte, qu’on est toujours tout seul au monde »…

Je ne suis pas une politicienne. Je ne suis pas capable de poser une analyse exhaustive, érudite et pertinente des événements qui secouent notre pays et notre planète. Je ne suis qu’une artiste, une serial créatrice chorégraphe de mots et d’idées, et à ce titre je suis plus douée pour ressentir les choses que pour les décortiquer d’un point de vue politico-économique.

Moi aussi j’ai peur. Moi aussi je me sens impuissante et désemparée. Moi aussi j’ai la nostalgie d’un monde où les hommes ne sacrifieraient pas des vies humaines, des vies animales, des vies végétales, au nom du profit, du pouvoir, ou de la religion. Je ne comprends pas qu’on fasse de la terre une poubelle et de l’argent un dieu. Je ne comprends pas qu’on fasse de la croyance de l’autre une raison de mettre fin à son existence. Je ne comprends pas que nous, l’humanité, après tant de siècles qui nous ont démontré nos erreurs et nos égarements obscurantistes, nous ne soyons pas capables d’instaurer un nouvel âge, qui soit enfin à la hauteur de l’évolution intellectuelle et spirituelle dont nous nous targuons par rapport aux temps moyenâgeux.

Notre monde tel qu’il est, tel que nous l’avons conçu, marche sur les cheveux. C’est un monde décadent, vicié, mortifère et autodestructeur. C’est un monde qui n’est plus capable de répondre à la soif de sens que chacun porte en soi. On essaye de nous faire croire que le sens de la vie, c’est le travail, ou le mariage, ou la famille, ou l’argent, ou l’accès à la propriété de biens divers, ou la patrie, ou Dieu. Ça pourrait être le cas si cela conduisait à l’épanouissement et à la liberté de l’homme. Or, on le sait, il n’en est rien. Travail, mariage, famille, argent, religion, patrie, ne sont que des moyens, savamment agencés, d’asservir l’homme, de l’obliger à rentrer dans le système et de lui nouer autant de fils à la patte qu’il est possible.

On agit comme si on était éternels, comme si on avait du temps à perdre à toutes ces tâches contre-nature qui dévorent nos journées. Or nous sommes mortels. Chaque minute compte et devrait être employée à vivre de l’unique, de l’intense, et non à s’intoxiquer de stress au sein des mégalopoles capitalistes. Une minuscule élite boursouflée s’enrichit jusqu’à ne plus savoir quoi faire de ses milliards tandis que le reste du monde crève de faim et de précarité.

Fondamentalement, l’homme n’est pas fait pour rester enfermé dans un bureau, pour prendre des crédits qui lui serviront à payer ses factures, pour épouser une vague bobonne à qui il fera trois mouflets, et pour attendre plein d’espoir et de fatigue le moment de la retraite, ce moment béni où il pourra enfin se consacrer à ses vraies passions pourvu que d’ici là il ne soit pas tombé sous les tirs d’un barbu enragé ou qu’il n’ait pas crevé d’un cancer de la rate.

L’homme est un aventurier, un nomade, qui a besoin d’espace, de sens, de dépassement, de conquêtes intellectuelles et émotionnelles, il a besoin de se sentir relié à un Tout grandiose qui le porte et le soutient. Je suis persuadée que c’est le manque de sens qui fait que certains se laissent embrigader par des doctrines assassines qui font de la haine un dogme.

Moi, je ne crois pas au travail, je crois à l’accomplissement de soi. Je ne crois pas au mariage, je crois à l’amour. Je ne crois pas à la famille à moins que ce soit celle qu’on se choisit et qui nous grandit. Je ne crois pas à l’argent, je crois au partage. Je ne crois pas à la propriété, je crois à l’égalité. Je ne crois pas à la patrie, je crois à la sauvegarde de la Terre-Mère. Enfin, je ne crois pas en Dieu, ou alors si j’y crois, c’est en un dieu intérieur qui habite chacun de nous.

Moi, je rêve d’un monde qui ne soit pas gouverné par l’argent parce que l’argent, trop souvent, ne révèle que les instincts primaires de l’homme au lieu d’en amplifier les qualités suprêmes. Je rêve d’un monde où le plus fort, toujours et en tout, prenne soin du plus faible. Je rêve d’un monde où la nature soit respectée et soit remise à sa place centrale de pourvoyeuse d’abondance pour tous. Je rêve d’un monde où l’homme sache apprendre à communiquer avec les animaux, sache se faire leur protecteur, leur défenseur, leur admirateur. Je rêve d’un monde où chacun participe à l’avancée collective, où chacun apporte sa pierre à l’édifice, sans compétition merdique et recherche insatiable de profit. Je rêve d’un monde qui se définirait par ce seul et unique mot : PAIX.

C’est possible. Ce monde-là est possible. Un jour, il y a fort longtemps, nous avons pris la mauvaise route, celle qui, à terme, ne peut mener qu’à l’impasse et à l’anéantissement de tout. Il est encore temps d’écouter nos boussoles et de rebrousser chemin. Il est encore temps de se diriger vers la lumière. C’est entre nos mains…

Pour finir, et puisque j’ai commencé cet article en chanson je vais aussi le terminer en chanson, j’ai envie de citer Imagine de John Lennon : « You may say I’m a dreamer, but I’m not the only one, I hope some day you’ll join us, and the world will be as one » (« Tu peux trouver que je ne suis qu’une rêveuse, mais je ne suis pas la seule, j’espère qu’un jour prochain tu nous rejoindras, et ce jour-là le monde sera uni »)…

Je t’embrasse.

P.S. : Et si tu aimes ce que j’écris, partage cet article.

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2 réflexions sur “IL SE PASSE QUELQUE CHOSE À MONOPOLIS…

  1. A reblogué ceci sur bertrandgaspelet a ajouté:
    Je partage cet article bombesque de ma chérie, qui a la vocation de faire repousser les fleurs et les fruits sur ce champ de ruines que nous avons malgré nous laissé s’étendre… Qu’il répande la paix et l’amour à la vitesse d’un ruisseau dans la montagne ! Parce que les plus grandes réalisations, les plus belles histoires aussi, commencent par un rêve… ❤ 🌞

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