Récemment, j’ai découvert Le Pôle Express, film d’animation réalisé par Robert Zemeckis datant de 2004. Tom Hanks prête sa voix à la plupart des personnages adultes masculins.
C’est l’histoire d’un petit gamin qui traverse un gros doute métaphysique et n’est plus si sûr de croire en l’existence du père Noël (en l’occurrence appelé Santa Claus, nom américain du bon vieux papa barbichu). Le soir du 24 décembre, surgit devant sa maison un train étrange, conduit par un moustachu faussement bourru qui ressemble à s’en arracher le bonnet à Tom Hanks. Le gamin monte à bord, où il rejoint une douzaine d’autres mioches. Ce train mystérieux est en fait un train magique à destination du pôle Express, endroit secret où vit pôpô Noyel avec une flopée de lutins très occupés à emballer les cadeaux et danser la polka. Tout cela s’achève dans une apothéose de chants traditionnels, de paquets multicolores et de larmes de joie. Grâce à ce voyage féerique, notre gamin du début ravive ses belles croyances noëliennes originelles. Le maître-mot de sa vie, tel que poinçonné sur son billet de train par le Tom Hanks animé, sera « BELIEVE » (en français « Aie la foi ! »). Vaste et enchanteur programme qui laisse notre mouflet pantelant d’extase…
À mon ton quelque peu ironique, tu as pu comprendre que ce film ne m’a pas totalement convaincue. Mais dans le fond, peu importe. Ce n’est pas le sujet du jour. Ce qui est bien, c’est qu’il m’a incitée à questionner le rapport que j’ai eu moi, quand j’étais gosse, au père Noël. Et cela m’a ramené quelque chose en mémoire.
Je n’ai jamais cru au père Noël. Peut-être mes parents ont-ils toujours été très transparents quant à l’origine des cadeaux que je trouvais sous le sapin. Les rennes, le traîneau, la cheminée, les lutins, les braies rouges, le vieillard ventripotent, tout cela faisait partie du folklore de Noël, et à cet égard j’en étais friande, mais je n’ai jamais, même dans ma prime enfance, cru que cela pouvait être vrai. Loin de moi l’idée de sous-entendre que j’étais plus maligne que ceux ou celles qui y croyaient. C’est juste que ce n’est pas vers le père Noël que se portait ma « foi ».
Ce en quoi moi j’ai cru, toute mon enfance durant, c’est en… Peter Pan ! Voilà, c’est dit. À lui j’ai cru mordicus, j’y ai cru dur comme fer, j’y ai cru de toute mon âme, de toutes mes tripes. Là où Santa Claus me laissait indifférente, Peter Pan, lui, me fascinait. D’abord il était beau. Ensuite il volait, partout accompagné, excusez du peu, d’une fée personnelle et zélée – j’ai nommé Clochette ! Et puis il vivait au Pays Imaginaire ! C’te chance !
Le pays d’Oz et le Pays Imaginaire ont été les deux patries d’adoption de mes jeunes années. Je m’identifiais à Dorothy Gale – l’héroïne du Magicien d’Oz – et j’étais amoureuse de Peter Pan.
Je me revois dans la maison de vacances familiale, dans l’Yonne. Avec ma cousine, nous attendions Peter. Nous attendions qu’il vienne nous chercher pour nous envoler jusqu’à Neverland. Combien de nuits avons-nous passer à guetter sa frêle silhouette sur le ciel étoilé !
Eh bien, tu sais quoi ? Il n’est jamais venu.
Tous les enfants, sauf un, grandissent. Et comme je ne suis pas Peter Pan, j’ai grandi à mon tour. Je n’ai jamais vu Peter Pan, il n’est jamais venu me chercher, ne m’a jamais emmenée dans son lointain pays. (En revanche, au long de ma vie, j’ai croisé de vrais méchants pirates et pas mal de capitaines Crochet – mais c’est là un autre débat.) De Peter, je ne vis jamais nulle trace…
Partant de ce constat, ai-je donc cessé de croire en lui ? Maintenant que tu commences à me connaître, tu me vois venir ; évidemment, la réponse est non ! Non je n’ai pas cessé de croire en Peter Pan. Par conséquent, oui je crois toujours en lui. Mais plus de la même façon. J’y crois aujourd’hui d’une manière plus métaphorique, plus symbolique, que lorsque j’étais petite. Peter Pan n’est plus ce garçonnet de jadis qui pourrait venir me kidnapper par la fenêtre pour me faire survoler Londres. Peter Pan, aujourd’hui, est devenu l’une de mes ressources-phares : il est ma capacité intérieure à pouvoir me propulser dans un ailleurs féerique. Et puis, il représente aussi une philosophie de vie à laquelle j’adhère : rester alerte, refuser l’austère, combattre l’ennemi, guetter l’aventure, se concentrer sur des pensées agréables, voir des fées partout, suivre l’étoile (Brel approuverait !), se construire son propre monde coloré et préservé…
Ma poudre de fée à moi, c’est mon imaginaire. Il est mon moteur, mon sauveur. Je l’escorte de ma volonté, de ma discipline, de mon cerveau méthodique. Tous ensemble, je sais qu’ils peuvent faire des merveilles.
Je ne crois pas que je verrai jamais un gamin tout de vert vêtu voler dans le ciel nocturne. Et c’est tant mieux car ce gamin refuse de grandir. Du coup, je pense que nous n’aurions pas grand-chose à nous dire. Car moi grandir, cela m’intéresse, je veux grandir, je veux vieillir. Mais tout en gardant les émerveillements de mon enfance. Je suis persuadée que l’on peut être un/e adulte accompli/e et efficace sans pour autant avoir à renoncer à sa fantaisie enfantine.
Peter Pan est donc le héros qui m’invite, au quotidien, à ré-enchanter ma réalité et à toujours faire en sorte qu’elle soit une aventure passionnante et passionnée.
Et toi, en quoi tu croyais quand tu étais môme ? Au père Noël ? À la petite souris ? À la fée bleue ? À Mary Poppins ? Au Petit Prince ? Au père Fouettard ? Au roi Arthur ? Au monstre du Loch Ness ? Au Bigfoot ? Au yéti ? Aux licornes ? Aux rois mages ? Y crois-tu encore ? Si oui, comment ? Si non, pourquoi ?
Tu me racontes ?
Je t’embrasse.
Je n’ai pas ta verve mais je vais essayer de dire ce en quoi j’ai cru.*
Oui, moi j’ai d’abord cru au Père Noël, comme une petite fille bien sage.
Et je sais exactement où des gamines de mon âge m’ont ri au nez, j’avais 8 ans, et décidé de me sortir de mon ignorance : c’était un coin de rue du 9ième arrondissement, pas loin du cours Bossuet où j’étais élève. Cela fut un véritable choc car j’ai surtout compris que les grandes personnes ne disaient pas la vérité et même pouvaient la cacher pour la bonne cause !!Comme mes parents étaient, je croyais et crois toujours, des gens honnêtes, j’ai conclu dans ma petite tête que toute vérité n’est pas bonne à dire et que l’on peut cacher à ceux que l’on aime le plus des vérités dures ou imbéciles : On pouvait trier le bon et le mauvais !!
Ensuite j’ai cru au petit Prince : tout ce qu’il fait est parfait, doux, intelligent.
Je relis ce conte à toutes les époques de ma vie et y puise l’enchantement premier que ce fut quand j’avais entendu le texte dit par Gérard Philipe sur le tourne disque familial. Dans ce conte les grandes personnes sont bien étrillées et ne savent pas où est l’essentiel…invisible ; renforcement de ma conviction que les grandes personnes et donc celle que je vais devenir, doivent être bizarres, pas très finaudes et embrouillées dans leur têtes.
Nouveau ébranlement puisque je quitte la France et vais être plongée toute crue dans la guerre d’Algérie : là aussi, je constate que les adultes sombrent dans le désastre de mensonges et de machinations mortifères qui m’échappèrent mais qui me firent comprendre que rien n’est simple ni limpide : chacun sa vérité !!
Derniers séismes, presque au même coin de rue car au lycée Lamartine, je découvre Nacht und Nebel, le film d’A. Resnais !! là aussi je prends conscience que cette réalité sauvage ne m’a pas été apprise et j’en suis révoltée d’abord, puis cela met un doute dans mon esprit :pourquoi cette « omission » ? Ces adultes qui sont mes modèles peuvent donc aussi cacher par absurdité mais par intérêt aussi…via le fameux « tu comprendras quand tu seras grande ».
Idem pour la sexualité : « ne reviens pas enceinte » a été le seul contraceptif que l’on m’a permis de prendre sans bien comprendre !! Là aussi vérité tronquée et bien dure à maitriser.
Or donc bâtie à partir de tous ces fondements, adulte maintenant, je fais au mieux avec mes forces et mes faiblesses pour ne pas me blesser moi-même, ni blesser les autres et j’adapte ma vision de la vérité à ce que je crois être sincèrement le bon et le bien.
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Hey !
Je croyais en beaucoup de choses étant enfant. Étant plus grande, je continue de croire aux fantômes, et plus généralement aux phénomènes paranormaux.
J’aime les miracles, les choses qui ne s’expliquent pas. Ça laisse une part de mystère, de magie qui est vraiment intéressante et qui laisse espérer en des choses folles. 🙂
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Merci pour ce commentaire ! Je suis absolument comme toi ! 😉
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